My body, my story

Qu’est ce que nos corps disent de nous ?
Quels mots choisissons-nous pour les décrire ? 
Comment leur parlerait-on, si c’était possible ? 

À travers cette nouvelle série de portraits, NOO célèbre la pluralité, la résilience, la beauté et la force de nos corps. 

Des conversations sincères et profondes, pour interroger la relation que nous entretenons avec eux, le regard qu’on leur porte, le poids des normes et la quête d’un amour souvent tumultueux.  

Dans l’intimité de son duplex marseillais, nous avons rencontré Zéphyrine, réalisatrice et DJ, qui nous a parlé de pretty privilege, de stéréotypes à déconstruire et de la nécessité de bien s’entourer.

Les photographies sont signées Sabrina Hadj-Hacène

Qui es-tu, Zéphyrine ? 
Je suis réalisatrice, je vis à Marseille et j’ai 37 ans. Ma passion c’est de partir à la rencontre des personnes qui ont réussi à garder une certaine liberté, que ce soit dans leur mode de vie, leur métier ou leur mentalité. J’ai créé un podcast où j’enregistre ces moments : Grandes. Sinon, je réalise des portraits vidéo pour des marques. 

Mes passions changent beaucoup, je suis toujours contente d’apprendre quelque chose de nouveau. En ce moment, je prends beaucoup de plaisir à passer de la musique avec mon collectif de dj Karma Drama. On a mixé pour le pop up NOO x Uni à Marseille, c’était le feu. 
J’ai récemment repris la harpe. J'étais au conservatoire quand j'étais petite et j’avais complètement abandonné - je ne suis pas très disciplinée - mais je crois qu’il n’y a rien de mieux que de jouer de la musique pour se vider la tête et se sentir vivante. Ou alors chanter et danser.

Je suis très bien entourée. J’ai autour de moi des femmes exceptionnelles qui m’inspirent beaucoup : cheffes, entrepreneures, artistes, autrices, créatives, mères, éditrices. Que des boss ladies

Quelle relation entretiens-tu avec ton corps ?
Je fais mon maximum pour me recentrer sur mes sensations sans me laisser influencer par la société, parce que ça a pris beaucoup trop de place pendant la première partie de ma vie. Mais c’est mon corps. Si je devais écouter toutes les injonctions qu’on impose aux femmes, je ne sortirais plus de chez moi.

Les jours où c’est compliqué, j’essaie de me voir à travers les yeux des personnes que j’aime. Mes neveux et nièces, mon amoureux, ma famille, mes super copines. Si ces personnes me trouvent belle, alors c’est tout ce qui compte. Je les crois. Et puis on peut juste “être” sans vouloir forcément plaire ou performer, c’est bien aussi. 

Est-ce que tu te souviens du moment, dans ton enfance ou ton adolescence, où ton rapport à ton corps a changé ?
Il y a eu plusieurs changements : mes cheveux ont bouclé à l’adolescence, je me faisais remarquer. J’ai grandi d’un coup, pour atteindre près de 1m80, je passais encore moins inaperçue. Je pense que c’est là que les commentaires ont commencé. Quand on est jeune on a plus de mal à mettre une limite, à dire qu’on ne souhaite pas particulièrement recevoir l’avis de n’importe qui. 

J’ai aussi observé une prise de poids liée à un dérèglement hormonal à 25 ans. 

Quand je regarde en arrière, je regrette d’avoir été si dure envers moi. Mon corps a fait comme il a pu, il m’a tenue jusqu’ici et me permet de vivre des moments exceptionnels. On se réconcilie petit à petit. 

Tu as été diagnostiqué d'un syndrome des ovaires polykystiques à 25 ans. Comment as-tu traversé cela, physiquement et psychologiquement ? 
C’était très bizarre. J’ai eu une prise de poids rapide et importante. La culpabilité était présente et avec le recul je trouve ça tellement injuste : je n’ai pas spécialement changé mon mode de vie ni fait quoi que ce soit pour provoquer ça. 

Le diagnostic était plutôt clair, mais le syndrome est varié selon les profils et ça évolue dans le temps. Il n’y a pas beaucoup d'informations ou de recherches sur le sujet. Le corps change, le regard des autres aussi. Sur le moment, j'étais dépitée de renoncer à ce qu’on pourrait qualifier de “pretty privilege” mais au final je crois que c’était une bonne occasion pour moi de déconstruire les stéréotypes qu’on nous sert au quotidien, qu’ils me concernent directement (par exemple “si t’es grosse t’es pas sportive”) ou des personnes de mon entourage. 

Le livre de Jennifer Padjemi Selfie m’a aidée à prendre du recul par rapport à tout ça. 

Quelle a été la plus belle surprise que t’ait fait ton corps ces dernières années ? 
Être en bonne santé. Je pense que prendre mon indépendance professionnelle et émotionnelle a été déterminant pour moi, mais c'est beaucoup de stress. 
Heureusement j’ai été coachée par une femme incroyable : Ophélie De Zutter. J’ai monté mon projet, choisi mes partenaires, ma ville, ma maison. J’ai l’impression d’avoir construit beaucoup de choses et de faire mes choix sans trop subir de pression ni de freins. Ça valait bien quelques cheveux blancs. 

Sinon j’ai cassé une planche en bois à mains nues pendant un stage d’auto défense RIPOSTE, j’ai toujours mon grand écart et j’arrive à faire le pont depuis ce matin.

Quel a été ton chemin pour apaiser la manière dont tu te vois ?
Je me suis autorisée à être heureuse. Je ne revendique rien. Je n’ai pas choisi ce qu'il m’est arrivé, mais je ne vais plus m’excuser d’exister. Je fais de mon mieux, pour moi. 

Si tu pouvais parler à ton corps, qu’aimerais-tu lui dire ?
Profite. Le temps passe vite. Chaque jour on peut trouver une occasion de se faire du bien. 

A quel moment est-ce que tu te sens le mieux dans ton corps ? 
Quand je danse, quand je nage, quand je ris, quand je chante. 

Je vais bientôt partir marcher avec Yamae qui organise des randos entre meufs à Marseille. Il se passe un truc particulier quand on reste longtemps dans la nature. Mon corps est endurant, je peux marcher longtemps sans me fatiguer. 

Parfois dans ma famille on met la musique à fond et on danse dans le salon. Ces moments me donnent beaucoup d’énergie, on lâche prise, on fait la fête. 

Un livre qui a fondamentalement amélioré ton rapport à ton corps ? 
Sans hésiter celui de ma psy Zina Mebkhout Manger sans culpabiliser. Elle m’a aidée à apaiser beaucoup de souffrance, à accepter d’être en colère aussi, à poser mes limites et au final à accéder à beaucoup plus de légèreté au quotidien. 

Sinon je n’arrête pas de recommander le podcast 4 Quarts d’Heure à toutes mes copines. Des meufs drôles et pertinentes qui font leur up et leur downs chaque semaine en distillant des bons plans, des recommandations de livres, de films... Dès que je sens que je suis en perte de motivation, les écouter me remonte le moral et me donne envie de me bouger.

La newsletter de la journaliste Mélody Thomas La Perce-Oreille sur Substack, permet de prendre du recul sur les problématiques d’inclusivité dans la mode et notre rapport au shopping (je recommande de lire l’article « Shopping thérapie : Delulu is la Solulu » ). Elle partage au passage une mine d’or de lectures, d’expositions à voir, de podcasts et d’albums à écouter.
Et plus récemment le film Au Bain des Dames de Margaux Fournier, à voir absolument. C’est comme ça que je veux vieillir. 

Un détail qui te rend unique, physiquement, et dont tu es fière ? 
Je suis contente d’assumer mes cheveux bouclés. Je suis brune parce que j’ai fait un soin colorant, en réalité j’ai beaucoup de cheveux blancs depuis que j’ai 20 ans. 

Ça ne me dérangeait pas tellement mais au fil des années j’ai compris que c’était pas forcément bien vu. La prochaine étape : assumer à fond mes cheveux bouclés, et blancs. 

La mode joue-t-elle un rôle dans ton estime de toi ? En quoi tes vêtements t’aident-ils à affirmer, aimer ou célébrer ton corps ?
Bien sûr, c’est un moyen d’expression et d’affirmation dans toutes les cultures. Je m’habille autant que possible en seconde main : j’adore la boutique Digger Club à Marseille, Chloé fait une sélection de zinzin et a toujours de bons conseils. 

Après ce n’est pas toujours évident de trouver des grandes tailles, je m’autorise des pièces neuves de temps en temps en faisant attention à leur fabrication et leur durabilité.  

Il m’a fallu du temps pour comprendre comment mettre en valeur ma morphologie, j’ai trouvé sur les réseaux sociaux de l’inspiration en suivant des profils qui me ressemblent. J’aime bien le compte Insta @watchingnewyork, ça me donne plein d’idées. J’ai définitivement arrêté de suivre les micro-tendances pour me concentrer sur un style plus intemporel, qui me ressemble et que je pourrais garder des années tout en le faisant évoluer, en m’amusant. 

Cet été en vacances avec mes amies j’ai tenté une robe maxi décolletée, alors que j’avais tendance à me cacher. J’assume de plus en plus mes courbes et ma féminité. Me sentir à l’aise, c’est le plus important. 

Ton go to outfit quand tu ne te sens pas super à l’aise dans ton corps ?
Un pantalon taille haute et un body, je sèche mes cheveux la tête en bas, j’ai l’impression d’être Fran Fine. Les bijoux de Romane Prunières et de Capobianco me servent d’armure. 

Comment tu te sens quand tu portes un body NOO ?
Fatale. J’ai eu la chance de participer au développement (toujours en cours) des bodys en grandes tailles et j’ai été touchée de voir ce qui était mis en œuvre pour l’inclusivité des corps par les équipes de NOO dans l’atelier de Marseille. Merci pour ça ! 

Ton body préféré de la nouvelle collection ? 
Le body Straight Lines, parfait équilibre entre confort et transparence. 

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