My body, my story
Qu’est ce que nos corps disent de nous ?
Quels mots choisissons-nous pour les décrire ?
Comment leur parlerait-on, si c’était possible ?
À travers cette nouvelle série de portraits, NOO célèbre la pluralité, la résilience, la beauté et la force de nos corps.
Des conversations sincères et profondes, pour interroger la relation que nous entretenons avec eux, le regard qu’on leur porte, le poids des normes et la quête d’un amour souvent tumultueux.
Dans l’intimité de sa maison marseillaise, nous avons rencontré Maryam Kaba, ancienne gymnaste, danseuse, chorégraphe et fondatrice du Afrovibe, qui nous a parlé de thérapie par le mouvement et de l’importance de faire équipe avec son corps, coûte que coûte.
Les photographies sont signées Sabrina Hadj-Hacène.

Qui es-tu, Maryam ?
Ancienne gymnaste rythmique de haut niveau, danseuse, chorégraphe et fondatrice du Afrovibe - un concept de danse fitness inspirée des danses africaines et afro descendantes basé sur la joie, le partage, le lâcher prise et l’amour de soi - je suis avant tout une amoureuse de la vie.
Quelle relation entretiens-tu avec ton corps aujourd’hui ?
Aujourd’hui, c’est mon BFF. Je l’écoute chaque jour. J’écoute mon ventre, mon instinct. C’est vraiment mon guide.
Peux-tu nous parler du moment où ton rapport à ton corps a changé ?
Je dirais que c’est au moment où je suis arrivée au Brésil en 2013. Les codes de beauté ne sont pas les mêmes là-bas, et à ce moment j’avais 10 kg de plus qu’aujourd’hui. J’ai alors compris que mon corps et mes formes négroïdes - notamment mes fesses - n’étaient pas différents du reste de la population, qui est à 54% noire là-bas. J’ai commencé à l’aimer et à me décomplexer, alors que je n’avais eu de cesse de cacher mes fesses toute mon adolescence.
Ton corps a traversé de lourds traumas et beaucoup de souffrance. Comment as-tu trouvé le chemin pour faire la paix avec lui ?
Ça été les montagnes russes… J’ai compris que mon corps dérangeait très tôt, à 8 ans précisément. Pendant un stage de tennis, je faisais la queue à la buvette pour m’acheter un Nuts, avec une amie. Nous étions toutes les deux en maillot de bain, et le patron du club s’est permis de me dire : « Va te couvrir, on se balade pas comme ça, surtout quand on est noire comme toi ».
Malgré le traumatisme, j’ai compris très vite que le problème venait des autres et que j’allais devoir faire équipe avec mon corps, coûte que coûte, sur ce chemin épineux.

Guérir par le corps, le mouvement, la danse, tu en as fait un aspect de ton travail aujourd’hui. En quoi consiste la “dance therapy” ?
Je dis souvent que je ne suis pas thérapeute. En revanche, mon concept Afrovibe, la danse et le mouvement libre permettent réellement de lâcher prise, de s’accepter et d’expérimenter une forme de liberté - d’abord dans le mouvement, puis dans la pensée. In fine, ce sont des chemins pour se reconnecter à soi et trouver son équilibre. Mon mantra ? Danser, c’est vivre.
Quelle a été la plus belle surprise que t’ait fait ton corps ces dernières années ?
En 2024, pendant ma résidence avec le Ballet National de Marseille, j’ai créé un solo intitulé « Entre mes jambes ». J’y parle de mon corps et de son cheminement, entre une agression sexuelle subie à 6 ans et aujourd’hui. Plus globalement, j’y questionne le rapport que la société entretient avec le corps des enfants. C’est une performance très intense physiquement et émotionnellement. Je ne me pensais pas capable de monter sur scène à 47 ans et d’être portée ainsi par mon corps.
Si tu pouvais parler à ton corps, qu’aimerais-tu lui dire ?
Je t’aime, laisse toi tranquille, t’inquiète ça va aller.
À quel moment est-ce que tu te sens le mieux dans ton corps ?
Quand je danse. Ça peut être n’importe où, tant que je peux danser, de préférence avec des vêtements légers et amples.

Quel rôle joue ton style vestimentaire dans ton rapport à ton corps ? Est-ce que certains vêtements t’aident à mieux l’accepter ?
La vérité c’est que quand je me sentais mal dans mon corps, rien n’y faisait. Le problème était dans ma tête, donc même avec la plus belle tenue, je me sentais toujours mal dans mon corps. En revanche, c’est plutôt en commençant à accepter mon corps que j’ai réussi à oser plus, question style. Aujourd’hui, je ne suis aucune règle. Peu importe les circonstances ou l’occasion, je mets ce qui me plaît. L’essentiel est que je me trouve belle et me sente bien.
Ton “go-to outfit” les jours où tu te sens moins alignée avec ton corps ? Celui qui te réconforte et te redonne confiance ?
Dans les journées comme ça, je privilégie une tenue fluide et légère, comme un pantalon large avec une chemise et un body en dessous. Ainsi, je laisse une certaine liberté d’être à mon corps. C’est une tenue qui me permet de bouger facilement, notamment de faire quelques étirements de yoga doux - ce que je fais souvent quand je ne me sens pas très bien.
Comment tu te sens quand tu portes un body NOO ?
Je me sens complètement moi-même. Sexy, bossy, sportive, authentique, déterminée… mais aussi à l’aise et sans chichi. Aussi bien dans le body que dans ma peau !
Ton body préféré de la nouvelle collection ?
Le Midnight Bloom, j’adore son côté sexy avec ses grandes échancrures sur le côté et un peu sporty avec le col haut. J’ai les épaules assez carrées et j’aime les mettre en avant, cette forme est donc idéale pour moi. C’est un modèle versatile et chic, que je peux mettre autant pour donner un cours de yoga qu’aller en soirée.